01
Les tumulus             -5000 av J-C

Les tumulus sont des monticules de terre et de pierre que l'on élevait autrefois, à la préhistoire et durant l'Antiquité, au-dessus de certaines sépultures. Sa forme et ses dimensions sont variables, tout comme la nature de la tombe qu'il protège (simples ossements, fosse pavée, chambre funéraire, etc.). Des tumuli préhistoriques ont été découverts en Europe, mais aussi en Afrique, en Asie ou en Amérique. De nombreux tumuli ont disparu au cours de l'histoire, aussi bien pour des raisons naturelles (érosion par le vent) que pour des raisons anthropiques (agriculture, réutilisation des pierres, etc.), mais certains nous sont parvenus.

02
Mastaba de Nagada             -3000 av J-C

Les mastabas sont une évolution des tertres funéraires (tumulus) élevés au-dessus des fosses où étaient déposés le défunt et son équipement funéraire à l’époque prédynastique. L’un des plus anciens mastabas dont nous ayons connaissance se situe à Nagada, en Haute-Égypte. Celui-ci, découvert par Jacques de Morgan, daterait du tout début de la dynastie I et représente, selon Jean-Philippe Lauer, le prototype des grandes tombes à redans. Son attribution reste très controversée. Il fut d’abord proposé, à partir des fragments d’inscriptions relevés sur le site, qu’il s’agissait du tombeau du souverain légendaire Ménès, identifié d’abord à Hor-Aha, ensuite à Narmer.

Cependant, à la suite des dernières fouilles effectuées sur le terrain, une des premières théories visant à y voir la sépulture de la reine Neith-Hotep a été remise à l’ordre du jour. La présence en majorité d’objets de luxe gravés à son nom prouverait bien que cette reine bénéficia d’une sépulture aux dimensions plus ambitieuses que celle de son roi, située à Oumm el-Qa’ab.

Sa superstructure représente l’archétype de ce style d’architecture. Un grand massif rectangulaire, mesurant 43,40 m sur 26,70 m, était limité par un mur en briques crues épais de 4,20 m, et orné de redans. Le noyau de ce massif était compartimenté par l’intermédiaire de murs de refend, ces derniers créant cinq chambres dont la chambre sépulcrale, située au centre du mastaba. Ce mastaba était lui-même ceint par un petit mur d’enceinte en briques crues10. Il semble qu’il n’y eut aucune sépulture subsidiaire, si commune dans les ensembles funéraires contemporains.

03
M16 de Néfermaât             -2600 av J-C

Les mastabas M17, M16 (Néfermaât et M15 (Rahotep) de la nécropole de Meïdoum figurent parmi les plus imposants jamais bâtis par les anciens Égyptiens. Ceux-ci révélèrent en outre un art très raffiné et des œuvres peintes des plus remarquables que l’Égypte nous ait léguées (Oies de Meïdoum).

04
Pyramide de Djéser             -2600 av J-C

Le complexe funéraire de Djéser, édifié sous le règne du pharaon Djéser, se situe à Saqqarah. Il est, dans l’histoire de l’architecture égyptienne, le second ouvrage édifié en pierre de taille. Il marque une évolution importante de l’architecture monumentale. En effet, le tombeau du pharaon prend, pour la première fois et après de multiples modifications, la forme d’une pyramide. Cette innovation marque la naissance d’un nouveau type de sépulture. Les éléments cultuels ainsi que l’enceinte à redans représentent l’aboutissement d’une architecture évoluant depuis la dynastie II.

Le tremblement de terre du 12 octobre 1992 a sérieusement affecté les infrastructures de la pyramide. La voûte du grand puits funéraire et les plafonds de plusieurs galeries souterraines menaçant de s’effondrer, une mission de sauvegarde a été commandée par le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes afin de mener à bien leurs restaurations. En parallèle, des études sont constamment effectuées afin de mieux connaître ce monument majeur. Deux noms sont à rattacher à cet édifice: celui de l’architecte Imhotep, qui conçut cet ouvrage, et celui de l’égyptologue Jean-Philippe Lauer, qui consacra toute sa vie à étudier les vestiges de ce chef-d’œuvre de l’Ancien Empire égyptien.

05
Pyramide de Meïdoum             -2400 av J-C

Située à l’entrée du Fayoum, la pyramide de Meïdoum, appelée «la fausse pyramide» a été construite vers -2400. Flinders Petrie prouva que la pyramide qui comportait sept degrés à l’origine fut transformée en pyramide parfaite au moyen d’un revêtement en calcaire de Tourah. De ces sept degrés, trois étages seulement sont encore visibles aujourd’hui. Composée de blocs de calcaire, elle fut certainement construite pour le roi Houni, dernier souverain de la dynastie III. Élargie et agrandie plus tard d’un huitième degré, elle fut finalement transformée par son fils Snéfrou en pyramide lisse.

Le complexe funéraire de Meïdoum représente le premier complexe pyramidal classique avec sa pyramide, d’origine à faces lisses, sa chaussée reliant le temple d’accueil au temple funéraire, sa pyramide satellite et sa nécropole des hauts fonctionnaires. Le temple d’accueil a disparu mais le temple funéraire est encore intact et de taille modeste. Des fouilles menées aux abords du complexe ont permis de déceler les vestiges de deux rampes de briques qui, selon l’égyptologue Jean-Philippe Lauer, auraient servi à l’acheminement des blocs et à la construction de la pyramide.

La largeur de ces rampes, relativement faible, moins de quatre mètres, implique qu’elles étaient destinées aux halages des pierres jusqu’aux abords du monument. De cette pyramide qui, finalement, devait mesurer 147 mètres de côté à la base et 93,50 mètres de haut, il ne reste aujourd’hui que le noyau central culminant à 70 mètres. Ce noyau est constitué de blocs posés à lit déversé vers l’intérieur, ce qui lui confère la forme d’une pyramide tronquée aux pentes raides (environ 70° par rapport à la verticale). Les ajouts périphériques y ont été appliqués sans maçonnerie et ne tenaient en place que par leur propre poids. Ils auraient fini par se désolidariser par manque d’adhérence. Plusieurs hypothèses ont été formulées à cet égard.

La pyramide se serait écroulée sous la dynastie des Ptolémées, peut-être à la suite d’un tremblement de terre. Elle aurait pu être “pelée” par les carriers médiévaux pour récupérer les pierres. On a aussi avancé l’idée d’un effondrement pendant les travaux, ce qui ferait de Meïdoum la première catastrophe de chantier de l’Histoire. Enfin, il reste la possibilité que le glissement de la couche externe n’ait jamais eu lieu et que la pyramide soit restée inachevée. Selon cette théorie, la décharge qui l’entoure encore aujourd’hui ne serait que la conséquence du démontage des rampes nécessaires à la construction.

06
Pyramide rhomboïdale             -2400 av J-C

La pyramide rhomboïdale fut construite pour le pharaon Snéfrou à Dahchour. Sa forme particulière en fait une tentative avortée de pyramide à faces lisses, dernier stade de l’évolution des pyramides. Elle possède de nombreuses particularités et ressemble par bien des points à la pyramide érigée par le fils de Snéfrou, Khéops.

Elle est munie de deux entrées dont l’une n’est pas située sur la face nord, fait unique dans l’Ancien Empire, et conserve encore la majeure partie de son revêtement, faisant de cette pyramide la mieux conservée de toute l’Égypte.

L’ensemble funéraire est constitué de la pyramide du souverain et d’une pyramide satellite, toutes deux ceinturées par un mur de pierres de deux mètres d’épaisseur environ1. Cette enceinte est reliée à un temple funéraire par une longue chaussée à ciel ouvert d’environ 704 mètres de long. En raison de sa position éloignée du bord de la vallée, ce temple funéraire ne devait pas être le temple d’accueil (ou temple de la vallée) à proprement parler.

D’ailleurs, il subsiste des vestiges d’une deuxième chaussée qui devait relier ce temple au véritable temple de la vallée. C’est une particularité que l’on ne retrouve dans aucun autre complexe pyramidal.

07
Pyramide rouge             -2400 av J-C

La pyramide rouge, dont le nom est inspiré par la teinte de son parement actuel, est la troisième pyramide d'Égypte de par ses dimensions. Elle se situe à Dahchour et est attribuée au pharaon Snéfrou de la dynastie IV. Elle représente la première tentative réussie de pyramide à faces lisses.

L'ensemble funéraire de la première véritable pyramide d'Égypte est des plus simples; il constitue un des rares ensembles privés de pyramide satellite. Le temple haut, bien que de taille modeste, n'en constitue pas moins le premier du genre. Il fut achevé à la hâte avec des briques crues, sans doute à la suite de la mort du souverain. La chaussée et le temple d'accueil n'ont laissé aucune trace.

La pyramide, construite en blocs de calcaire provenant d'une carrière locale, qui doivent leur couleur rouge à leur richesse en fer et en manganèse, était à l'origine revêtue de blocs de calcaire fin de Tourah. Elle est alignée sur les points cardinaux. Sa base ne constitue pas un carré parfait; l'égyptologue George Andrew Reisner en a mesuré les dimensions: d'ouest en est 221,50 mètres et du nord au sud 218,50 mètres. Sa hauteur est de 104,40 mètres soit un peu moins que sa voisine la pyramide rhomboïdale.

Le plan des appartements funéraires est très similaire à celui de la pyramide de Meïdoum mais plus ambitieux. En outre, il s'agit de la seule pyramide dont les appartements sont entièrement situés au-dessus du niveau du sol. L'entrée est située sur la face nord à quelque vingt-huit mètres au-dessus de la base. Un couloir, dont l'angle d'inclinaison est de 27° et la longueur de 62,63 mètres, aboutit à un tronçon horizontal de 7,40 mètres.

Ce dernier nous permet d'accéder à deux antichambres exécutées en pierres calcaires et couvertes de superbes voûtes en encorbellement sur deux faces. La deuxième, localisée exactement sous le centre de la pyramide, est munie d'une ouverture située dans le mur sud à une hauteur de 7,60 mètres. Cette ouverture donne sur un passage long de sept mètres qui mène à la grande chambre funéraire qui, elle aussi, est couverte d'une voûte en encorbellement sur deux faces, en pierres calcaires. Le revêtement du sol de la chambre a disparu. Plusieurs excavations ont été réalisées à différentes époques et il ne reste plus qu'une tranchée profonde de plusieurs mètres.

08
Pyramide de Khéops              -2400 av J-C

La pyramide de Khéops ou grande pyramide de Gizeh est un monument construit par les Égyptiens de l'Antiquité, formant une pyramide à base carrée. Tombeau présumé du pharaon Khéops, elle fut édifiée il y a plus de 4 500 ans, sous la dynastie IV, au centre du complexe funéraire de Khéops se situant à Gizeh. Elle est la plus grande des pyramides de Gizeh. Elle était considérée dans l'Antiquité comme la première des Sept Merveilles du monde. Seule des Sept Merveilles du monde à avoir survécu jusqu'à nos jours, elle est également la plus ancienne. Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records: la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Ce monument phare de l'Égypte antique est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche.

La grande pyramide, chef-d'œuvre de l'Ancien Empire égyptien de l'architecte Hémiounou, est la consécration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser, à Saqqarah. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints pour sa construction en font une pyramide à part qui ne cesse de questionner la recherche.

Le parement ou revêtement était composé de pierres calcaires blanchâtres soigneusement jointoyées et polies qui renvoyaient les rayons du soleil, lui donnant l'aspect d'une véritable colline de lumière (ce qui explique qu'elle eut pour nom Akouit «la brillante», mais elle fut plutôt appelée Akhet Khoufou, «L'horizon de Khéops») et soulignant sa géométrie par un jeu d'ombre et de lumière. Contrairement à la pyramide de Khéphren, elle n'a pas gardé dans sa partie supérieure son revêtement de calcaire mais il subsiste quelques blocs au niveau de la base de la face Nord.

Le nucléus est constitué de blocs de calcaire plus ou moins équarris de moins bonne qualité que ceux du parement, les premiers étant issus d'une carrière à 400 m de la pyramide, les seconds de la carrière de Tourah. Les deux premières assises, ainsi que la maçonnerie de la grande galerie et des appartements funéraires sont construites en blocs de granit rose d'Assouan. Les blocs qui sont aujourd'hui visibles à l'extérieur sont noircis par la pollution et souvent cachés par la brume.

09
Pyramide de Khéphren             -2400 av J-C

La pyramide de Khéphren (ou Chéphren) est la deuxième pyramide d'Égypte en taille. Dominant un complexe composé de deux temples reliés par une chaussée et d'une pyramide satellite, elle est de type à faces lisses et fut élevée sous la dynastie IV durant l'Ancien Empire pour le pharaon Khéphren, fils de Khéops. Elle se dresse sur le plateau de Gizeh au sud-ouest de celle de son père. Elle est sans doute la plus facile à reconnaître car son sommet est encore couvert de calcaire. Légèrement plus petite que celle de Khéops, elle paraît pourtant plus haute car érigée sur une proéminence rocheuse avec un angle d'inclinaison supérieur à celui de la Grande pyramide. Le temps a également préservé un temple d'accueil dont la sobriété et la composition subtile des matériaux font un véritable joyau de l'Ancien Empire.

Le complexe funéraire de Khéphren est en bien meilleur état que celui de Khéops et comporte notamment un magnifique temple en granit rose d’Assouan. Il ne s’agit pas du temple funéraire à proprement parler, dont on n’a retrouvé que les fondations, mais de celui qui était au bout de la chaussée funéraire menant au monument. Appelé «temple de la vallée», comme tous ceux qui se situent près du Nil, il servait à accueillir le sarcophage du défunt après la traversée du fleuve. Les deux temples étaient reliés par une longue chaussée couverte longue de 495 mètres.

Une petite pyramide satellite, sans doute destinée au Ka du souverain, prenait place au sud de la pyramide principale. Les vestiges d'un village d'ouvriers et d'une carrière liés à la construction du complexe sont toujours visibles à l'ouest et au nord-ouest du monument. Le sphinx faisait peut-être partie du complexe funéraire.

10
Pyramide de Mykérinos             -2400 av J-C

La pyramide de Mykérinos est la plus petite des trois grandes pyramides du plateau de Gizeh. Elle s'élève à la hauteur de 63 mètres à l'extrémité Sud du plateau, ne représentant qu'un dixième du volume de la plus grande, la pyramide de Khéops. Dominant un complexe composé de deux temples reliés par une chaussée et de trois pyramides satellites, elle est de type à faces lisses et fut élevée sous la dynastie IV durant l'Ancien Empire pour le pharaon Mykérinos. De nombreux signes d'inachèvement montrent que la mort du souverain intervint au cours de l'édification du monument. La base de la pyramide est un carré presque régulier de 104,6 mètres de côté. L'angle d'inclinaison des faces est de 51°20' portant l'élévation du monument initialement à près de 65 mètres de hauteur.

Comme pour la pyramide de Khéphren, le sol du site étant irrégulier, les architectes ont dû réajuster l'ensemble grâce à d'énormes blocs de pierre afin de préparer l'édification de la pyramide. Pour y parvenir les tailleurs de pierre entamèrent le plateau calcaire choisi pour l'édification du complexe sur sa partie occidentale, débitant de manière régulière et systématique de grands monolithes. Ces derniers ont été ramenés à l'endroit nécessaire à l'est et au sud du périmètre du monument, non loin du lieu même de leur extraction. Retaillés et réajustés, ils constituent un rehaussement du sol venant rattraper le niveau des fondations sur lequel la pyramide s'éleva. Le même procédé sera utilisé pour édifier le temple haut de la pyramide ainsi que le corridor menant à la chaussée qui reliait l'ensemble à la vallée. Ce travail est considérable et démontre assez bien l'énormité du chantier alors engagé. La pyramide elle-même est constituée de gros blocs taillés dans un calcaire local extrait des carrières environnantes. Ajustés en assises régulières ils forment des gradins sur lesquels prennent appuis les blocs du parement.

À l'origine la pyramide était recouverte d'un parement de granite rouge d'Assouan pour les seize premières assises depuis sa base, soit sur plus de vingt mètres de hauteur, puis de calcaire jusqu'au pyramidion qui a disparu et dont on ne sait s’il était initialement en calcaire ou en granite. Il ne reste rien aujourd'hui du revêtement excepté les premières assises couvertes de granite, l'exploitation par les carriers du Moyen Âge des monuments pharaoniques se concentrant sur les matériaux de choix qu'étaient le calcaire fin de Tourah.

C'est de cette époque également que date la grande saignée qui éventre la face nord de la pyramide. Le sultan mamelouk Osman Bey, à la recherche de l'accès de la pyramide, en ordonna la percée au XIIe siècle. Ses miniers se basant sur leur expérience acquise sur les deux grandes pyramides voisines, attaquèrent immédiatement la face nord à une hauteur d'une vingtaine de mètres dans le parement de la pyramide espérant y découvrir l'entrée du monument. N'y trouvant rien ils poursuivirent leur chantier en prolongeant la brèche. Bien que cette destruction soit irrémédiable et défigure la face nord du monument, elle permet toutefois d'en étudier la constitution interne, révélant que la pyramide avait été conçue d'abord comme une pyramide à six ou sept degrés, dont trois sont actuellement visibles, puis achevée en pyramide à face lisse par le comblement des gradins avec des assises successives recouvertes par le parement de la pyramide lui conférant ainsi son aspect de pyramide à faces lisses.

Au XIXe siècle les explorateurs Caviglia et Vyse à la recherche également de l'entrée de la pyramide, poursuivront ce même raisonnement et donc le même chemin que les mamelouks en creusant un puits profond dans le cœur de la maçonnerie espérant mettre au jour les pièces intérieures de la pyramide sans plus de résultats. Caviglia n'hésita pas alors à faire sauter les premières assises du monument et à y creuser un tunnel. C'est à la même époque que le parement de granite a commencé à être démonté sous l'ordre de Méhémet Ali qui l'utilisa pour la construction de l'arsenal d'Alexandrie. L'accès à l'infrastructure de la pyramide ne fut finalement découvert qu'en 1837 par Vyse à quatre mètres du sol presque l'aplomb de la tranchée du Moyen Âge non loin des travaux quelque peu excessifs de ses prédécesseurs.

11
Pyramide d'Ounas             -2300 av J-C

La pyramide d'Ounas est une pyramide à faces lisses située à Saqqarah, près du Caire. Elle a été construite par le pharaon Ounas, dernier roi de la dynastie V. Elle est la première pyramide dont la chambre funéraire est décorée du texte des Pyramides. Son nom antique est «La pyramide qui est la beauté des lieux». Sa structure et son complexe funéraire suit l'architecture des exemples de ses prédécesseurs à Abousir, établissant désormais le plan classique des futurs ensembles qui seront édifiés par les pharaons de la dynastie suivante.

La pyramide dominait l'ensemble avec son revêtement en calcaire fin dont une partie est visible au sud du monument. L'accès aux appartements souterrains et la chambre au sarcophage se faisait au nord et ils forment l'aspect le plus spectaculaire de l'ensemble funéraire d'Ounas. En effet ils sont couverts de hiéroglyphes formant les premiers exemplaires des textes des Pyramides qui seront largement développés à la dynastie IV.

Le sarcophage du roi, sculpté dans un bloc de granit est encore en place le long de la paroi occidentale sur laquelle figure une représentation de l'enceinte à redans du palais. La chambre est couverte par une voûte en chevron décorée d'étoiles à cinq branches jaune or sur un fond bleu nuit. La base mesure 57,7 m et la hauteur est de 43 m.

C'est la première fois qu'une chambre funéraire royale reçoit un décor aussi élaboré et comprenant sur ses parois le premier corpus théologique connu de l'histoire de l'humanité.

12
Pyramides d'Abousir             -2300 av J-C

La pyramide de Néferirkarê est édifiée sur le flanc sud-ouest du promontoire d'Abousir. Elle est celle qui a le mieux résisté parmi les pyramides du site et domine encore cette nécropole royale de la dynastie V. Néferirkarê semble avoir projeté initialement un monument à six degrés, à l'instar de Sahourê son prédécesseur dont la pyramide domine la colline sur son côté est. En cours d'édification, les proportions de la pyramide ont été changées en rajoutant deux degrés supplémentaires. Il semble que la mort prématurée du roi ait porté un coup d'arrêt au projet et ce sont les successeurs de Néferirkarê qui achèveront à la hâte le complexe funéraire. Son nom antique était «La pyramide de l'esprit bâ».

La pyramide dans son stade le plus développé avec ses huit degrés avait une base de cent cinq mètres pour une hauteur de plus de soixante-dix mètres. Il est probable qu'elle devait être achevée en pyramide lisse et, comme pour l'exemple de Sahourê, le monument à degrés n’aurait été qu'une étape intermédiaire dans l'édification du monument. Cependant au contraire des pyramides royales précédentes, celle de Néferirkarê est bâtie en assises régulières de blocs soigneusement taillés et ajustés en gradins successifs à l'instar de la pyramide de Djéser à Saqqarah. Le revêtement de la pyramide a probablement été achevé par Niouserrê ce qui aurait encore surélevé le monument de quelques mètres. Seules les premières assises basses du monument subsistent ce qui démontre que si la pyramide n'a pas été achevée en pyramide à faces lisses l'intention y était dans le projet initial.

On accédait aux appartements funéraires classiquement par la face nord de la pyramide. Un couloir s'enfonçait dans le massif de la pyramide et aboutissait très vite à une chambre à herse qui barrait l'accès. Le couloir se poursuivait alors vers l'antichambre située à l'aplomb de l'axe de la pyramide et qui ouvrait par son mur occidental sur la chambre funéraire du roi. Le fait qu'au moment du trépas du roi, la pyramide ait été pratiquement achevée, le temple funéraire n'ait été que partiellement édifié et que la chaussée et le temple de la vallée étaient à peine ébauchés nous renseigne sur la méthodologie employée par les architectes royaux pour la construction de ces monuments.

On creusait d'abord les appartements funéraires dans la masse rocheuse du plateau, puis le tout était habillé de murs ou parois en pierres soigneusement assemblées, le caveau étant en général protégé par plusieurs blocs monolithes disposés en chevrons et qui se superposaient autant que nécessaire, diminuant d'autant le volume restant à bâtir. La chaussée devait déjà être tracée voire fondée pour servir à l'acheminement des matériaux depuis le port situé en contrebas du complexe au bord du Nil. D'autres rampes permettaient d'élever les pierres au fur et à mesure que le monument s'élevait lui-même. Les restes d'une telle rampe sont d'ailleurs visibles sur la face ouest de la pyramide de Néferirkarê. La présence d'une rampe de construction encore en place va davantage dans le sens de l'abandon du chantier plutôt que de son achèvement en pyramide lisse. Enfin une fois le chantier de la pyramide suffisamment avancé on commençait à construire le reste du complexe funéraire en commençant par la partie sacrée et en "descendant" vers la vallée, le temple d'accueil étant probablement le dernier élément à être achevé.

13
Pyramide de Sésostris II             -2000 av J-C

La pyramide de Sésostris II, de type à faces lisses fut érigée au Moyen Empire durant la dynastie XII. Elle se situe à El-Lahoun près de la région du Fayoum. La pyramide est très ruinée et laisse entrevoir la colline rocheuse sur laquelle elle fut élevée. S'inspirant des complexes pyramidaux de l'Ancien Empire pour les éléments annexes à la pyramide, cette dernière fut pour la première fois dotée d'une entrée camouflée et située ailleurs que sur la face nord du monument afin de rendre la tâche impossible aux spoliateurs.

L'égyptologue William Matthew Flinders Petrie fit la découverte au XIXe siècle d'un trésor composé de nombreux bijoux et de poteries et situé dans une galerie souterraine aux abords de la pyramide. La pyramide est particulièrement célèbre pour l'importante ville située au nord du complexe, appelée Kahoun. Cette ville est la seule à avoir survécu au temps avec Tell el-Amarna et Deir el-Médineh. Le complexe funéraire de Sésostris II est composé d'un premier mur en pierre à redans ceinturant la pyramide principale.

Une chapelle est accolée à la face nord de cette dernière et un petit temple funéraire à la face est. Des mastabas et une pyramide satellite se situent à l'extérieur de la première enceinte. L'ensemble est clôturé par une imposante enceinte en briques bordée, à l'époque, d'une rangée d'arbres. Le temple d'accueil est situé à près d'un kilomètre au nord du complexe, près de la ville de la pyramide. Des graffitis laissés sous le règne de Ramsès II témoignent de l'exploitation du complexe comme carrière, à l'instar des autres complexes du Moyen Empire. De toutes ces constructions il ne reste que de rares et timides vestiges dont on ne discerne plus que le massif interne de la pyramide.

14
Pyramide d'Amenemhat III             -1900 av J-C

La pyramide d'Amenemhat III, aussi appelée pyramide noire, est située à Dahchour. Elle fait partie du premier complexe pyramidal que le pharaon Amenemhat III se fit édifier, avant de choisir un autre site à Hawara pour la deuxième pyramide qui lui servit de sépulture. Dotée d'une infrastructure remarquablement complexe, la pyramide a livré un des plus beaux pyramidions qui nous soit parvenus. Le monument fut exploré et identifié pour la première fois au XIXe siècle par Jacques de Morgan.

Une étude approfondie fut ensuite effectuée par Dieter Arnold entre 1976 et 1983. Le complexe, fortement ruiné, est dominé par le massif de briques, ancien noyau de la pyramide autrefois revêtu d'un parement de calcaire fin de Tourah. Composé d'une chaussée, d'un temple funéraire et d'un temple de la vallée, le plan est orienté classiquement suivant l'axe est-ouest contrairement au complexe construit par le père d'Amenemhat III, Sésostris III. Une chaussée prenant son origine dans la vallée mène à un temple dit «temple de la vallée».

De celui-ci s'ouvre une large avenue débouchant au temple funéraire accolé à la face est de la pyramide. Fait inhabituel, une vaste construction, sans doute un temple, borde le côté nord de cette avenue. Un premier mur à redans ceint la pyramide et un deuxième mur clôt l'ensemble funéraire. Le temple funéraire est de plan très simple lorsque l'on considère les constructions antérieures mais le temple bordant l'avenue est sans équivalent connu. Il s'agit également du premier complexe (et l'un des seuls) à n'être muni d'aucune pyramide subsidiaire. Autre fait exceptionnel, il semble qu'il n'y ait jamais eu de chapelle accolée contre la face nord de la pyramide.

15
Pyramide de Hawara             -1900 av J-C

La pyramide de Hawara est la deuxième pyramide qu'Amenemhat III se fit édifier, la préférant, pour se faire ensevelir, à la première pyramide située à Dahchour. Elle fut explorée pour la première fois par William Petrie en 1888 et 1889. L'égyptologue a ainsi pu identifier le temple funéraire du complexe comme étant le célèbre labyrinthe, monument décrit avec enthousiasme par de nombreux voyageurs célèbres de l'antiquité comme Strabon et Hérodote. L'ensemble funéraire peut être considéré comme le chef-d'œuvre architectural du Moyen Empire. La pyramide devait avoir à l'origine une base de 105 mètres et une hauteur de 58 mètres.

Le corps était composé de briques recouvertes d'un parement de calcaire. L'entrée était située sur la face sud et dissimulée sous le parement de la pyramide.

Le plan de son infrastructure est plus simple qu'à la pyramide de Dahchour mais les moyens mis en œuvre pour rendre la pyramide inviolable sont bien plus élaborés. Pour la première fois depuis le règne de Snéfrou (pyramide rhomboïdale) les architectes ont utilisé, en le perfectionnant, le système de fermeture avec herse sur plan incliné. Trois herses devaient initialement bloquer les accès mais une seule (la première à partir de l'entrée) a rempli sa fonction, les deux autres herses étant restées dans leur position d'attente.

La chambre funéraire est une merveille de conception. Le caveau est une cuve taillée dans un gros bloc de quartzite pesant près de cent-dix tonnes. Le plafond du caveau est constitué de trois dalles de quartzite dont une restait suspendue afin de pouvoir introduire le corps de pharaon et de la princesse Ptahnéférou. La dalle en suspens pèse près de quarante-cinq tonnes et était soutenue par deux étais jusqu'aux funérailles. Deux accès latéraux au caveau ont permis de sceller le tombeau. Petrie n'en avait pas compris le fonctionnement et émis l'hypothèse que ces accès constituaient des leurres afin d'égarer d'éventuels pilleurs.

Ce système se retrouve dans plusieurs pyramides postérieures au règne d'Amenemhat III: la pyramide sud de Mazghouna, la pyramide de Khendjer et la pyramide inachevée de Saqqarah sud, ces deux dernières situées à Saqqarah. Deux sarcophages de quartzite ainsi qu'une caisse à canopes se situent dans le caveau, le premier sarcophage était destiné au pharaon, le second, plus petit, à la princesse Ptahnéférou.

Afin de le protéger de la masse de la pyramide, le caveau était couvert par d'imposantes voûtes en chevrons (en A) suivant le modèle de la pyramide d'Amenemhat II à Dahchour. Les blocs composant le toit de cette voûte pèsent cinquante tonnes. Aujourd'hui les appartements souterrains sont complètement inondés par l'eau provenant d'une nappe phréatique.

DES

MASTABAS

AUX

PYRAMIDES