quand ils eurent fini de me couper les cheveux, A. et B ont pris un
pinceau et m'ont barbouillé la figure de coaltar. après cela, ces
hommes-là se sont mis à couper les cheveux de ma mère et ne m'ont plus
rien fait. cela m'ennuyait, quand même, qu'on me rase les cheveux.
c'était peu de chose en comparaison du reste, mais c'était vexant quand
même. on m'emmenait, on m'insultait. et moi, j'avais vraiment
l'impression d'être dédoublée : ce qu'on me disait, je l'entendais bien
mais c'était comme si on s'adressait à cette pauvre fille avec son vélo,
huée et conspuée, là... et c'était moi. j'avais les bras et les jambes
remplis de marques de coups. je me suis fait visiter par le docteur, et
ce dernier m'a délivré un certificat médical que je vous remets. je
porte plainte contre tous ces individus pour coups et blessures. lecture
faite, persiste et signe.
quand ils eurent fini de me couper les cheveux, A. et B ont pris un
pinceau et m'ont barbouillé la figure de coaltar. après cela, ces
hommes-là se sont mis à couper les cheveux de ma mère et ne m'ont plus
rien fait. cela m'ennuyait, quand même, qu'on me rase les cheveux.
c'était peu de chose en comparaison du reste, mais c'était vexant quand
même. on m'emmenait, on m'insultait. et moi, j'avais vraiment
l'impression d'être dédoublée : ce qu'on me disait, je l'entendais bien
mais c'était comme si on s'adressait à cette pauvre fille avec son vélo,
huée et conspuée, là... et c'était moi. j'avais les bras et les jambes
remplis de marques de coups. je me suis fait visiter par le docteur, et
ce dernier m'a délivré un certificat médical que je vous remets. je
porte plainte contre tous ces individus pour coups et blessures. lecture
faite, persiste et signe.
hélène
1944
Quand ils eurent fini
de me couper
les cheveux,
A. et B
ont pris un pinceau
et m'ont barbouillé la figure
de coaltar.
après cela,
ces hommes-là
se sont mis à couper
les cheveux de ma mère
et ne m'ont plus rien fait.
cela m'ennuyait, quand même,
qu'on me rase les cheveux.
c'était peu de chose en comparaison du reste,
mais c'était vexant quand même.
on m'emmenait, on m'insultait.
et moi, j'avais vraiment l'impression d'être dédoublée :
ce qu'on me disait, je l'entendais bien
mais c'était comme si on s'adressait à cette pauvre fille
avec son vélo, huée et conspuée, là...
et c'était moi.
j'avais les bras et les jambes remplis de marques de coups.
je me suis fait visiter par le docteur,
et ce dernier m'a délivré un certificat médical
que je vous remets.
je porte plainte contre tous ces individus
pour coups et blessures.
lecture faite, persiste
et signe,
hélène.