Nellie Bly

Nellie Bly de son vrai nom Elizabeth Jane Cochrane née en 1864 près de Pittsburgh en Pennsylvanie. Pour que sa plume acérée ne fasse pas tort à sa
famille, elle prend ce pseudonyme qu’elle emprunte à une chanson populaire de l’époque « Nellie Bly ». Composée par Stephen Foster, C’est un nom qui restera à jamais associé à son rôle de pionnière du journalisme d’investigation.
Elle eut une enfance relativement confortables jusqu’au décès de son père alors qu’elle n’avait que six ans. À la suite du second mariage de sa mère qui était rythmé par les abus,
À la suite du second mariage de sa mère qui était rythmé par les abus, l’argent vint à manquer et à quinze ans, Bly mit un terme à ses études. Faute de moyens elle aida sa mère dans la gestion d’un pensionnat pendant cinq ans. Ces années de combat alimentèrent son envie de devenir une grande journaliste afin de mettre en lumière les souffrances de la classe ouvrière.
Un jour, elle lu dans un journal local que les femmes qui travaillaient étaient une monstruosité, ayant du mal à le supporter, elle se servit de son talent pour l’écriture et répondit au journal par une lettre incisive, furieuse, et signée par une énigmatique «orpheline solitaire».
Impressionné, Le rédacteur en chef lui proposa de l’embaucher si elle écrivait un article à son goût. Elle en écrira un sur le divorce et lancera sa carrière dans le journalisme. Ne supportant pas d’être limitée au département féminin de son premier journal, elle se rendit au Mexique accompagnée de sa mère pour y devenir correspondante. Son engagement pour les thématiques telles que la corruption et l’exploitation de la classe ouvrière les obligèrent à rapidement rentrer aux Etats-Unis sous peine d’être arrêtée.
De retour à New York elle fit tous les efforts pour être embauchée dans un journal. À l’époque, les journaux cherchaient de nouvelles manières pour attirer de nouveaux lecteurs. Le journalisme d’infiltration commençant à se populariser, elle décrocha un poste
à la condition qu’elle infiltre un asile et qu’elle y rédige un reportage sur la vie dans les hôpitaux psychiatriques. Bâti pour mille pensionnaires, l’hôpital de Bellevue à New York en accueillait environ mille six cent avec un nombre insuffisant de médecins et un personnel mal formé. Son récit connu un fort succès et permis de débloquer 1 million de dollar de budget à l’état de New York pour la rénovation des différents centres.
Sa capacité à toujours faire apparaître une dimension sociale à ces écrits lui fera rapidement sortir du lot parmi les premier·ères journalistes à réaliser des reportages sous couverture,
son nom se fit rapidement connaître et même fut parfois même utiliser en argument de vente dans les gros titre. Trois autres enquêtes comme, par exemple, sur le trafic de nourrissons lui permettront de se placer à l’origine d’un nouveau type de journalisme qui se nommera par la suite le gonzo-journalisme.
En 1889, Bly proposa à son journal qui inaugurait un nouveau siège de réaliser un tour du monde dans le but de battre le record de Phileas Fogg, héro du célèbre roman de Jules Verne «Le tour du monde en quatre-vingt
jours». Elle balaya le pessimisme de son directeur en chef en affirmant que si un homme était envoyé à sa place elle irait voir une autre rédaction pour lui faire concurrence. Elle boucla victorieusement son tour du monde en septante-deux jours en étant suivie et acclamée par un grand nombre de lecteurs. À seulement vingt-cinq ans, elle devint la première journaliste influente des États-Unis.
Elle publia un livre sur son aventure autour du globe qui vint s’ajouter à la listes des autres ouvrages basés sur ses précédents reportages: Ten Days in a Madhouse (Dix jours dans un asile) (1887) et Six Months in Mexico (Six mois au Mexique) (1888). Elle s’essaya à la fiction en 1889 mais eu moins de succès.
En 1904, Suite au décès de son mari, elle mis en pause sa carrière dans le journalisme pour reprendre l’entreprise de son défunt mari.
Fabricant d’ustensiles de cuisine, elle déposera plusieurs brevets mais des malversations de ses comptables poussèrent l’entreprise à la faillite. Après 10 ans, elle parti en Autriche afin de renouer avec le journalisme suite à la vente de ses usines.
Elle quitte donc son pays natale pour l’Autriche au début de la première guerre et accepte le rôle de correspondante de guerre pour les états Unis. Témoin de scènes de guerre épouvantables elle rentre en 1918 à la fin de la guerre.
Elle s’éteint en 1922 atteinte d’une pneumonie à l’age de 57. Militante engagée pour la lutte du droit des femmes et des droits des ouvriers durant toute sa vie, Nellie Bly restera une pionnière du journalisme, une grande aventurière et surtout une femme d’influence.
Nous ne pouvons nous rendre compte de ce que contient une simple sacoche tant que nous ne sommes pas contraints à faire preuve d’ingéniosité pour que chaque chose y occupe le moins d’espace possible. La mienne put ainsi accueillir deux chapeaux, trois voiles, une paire de pantoufles, un nécessaire de toilette, un encrier, des stylos, des crayons et du papier, des épingles, des aiguilles et du fil, une robe de chambre, un blazer, une flasque et une tasse, des sous-vêtements, une généreuse réserve de mouchoirs et de ruches, et – indispensable mais ô combien encombrant – un pot de cold-cream censé protéger mon visage des intempéries.
Nellie Bly traverse l’Atlantique en 7 jours, juste dérangée par le mal de mer au début, ce qui excite les sarcasmes d’aucuns passagers. Arrivée en Angleterre, elle est avisée d’une invitation de Jules Verne en personne, qu’elle honore parce qu’elle le peut sans rater le départ de son navire.
– Pourquoi ne pas aller à Bombay, comme Phileas Fogg ? s’enquit M. Verne.
– Parce qu’il m’importe davantage de gagner du temps que de porter secours à une veuve éplorée.
– Qui sait ? Vous sauverez peut-être un jeune veuf”, avança l’écrivain en souriant. Je souris avec un air énigmatique, ainsi que le font toutes les femmes sans attaches face à de telles insinuations.
J’empilai tous mes vêtements sur la couchette et passai une bonne partie de la nuit à envier nos prédécesseurs. Des bandits italiens avaient attaqué ce train la semaine précédente et je songeai avec envie que, si les passagers avaient souffert eux aussi de leur maigre couverture, cette expérience avait au moins eu le mérite de leur fouetter le sang
L’unique spectacle qui venait égayer notre parcours était l’apparition fréquente d’Arabes nus, courant le long des berges en criant:“Bakchich !” Nous l’avions compris, ce mot signifie “argent”, et de nombreux généreux voyageurs leur en lancèrent. Mais les mendiants semblaient ne jamais le trouver, aussi continuaient-ils à crier “Bakchich !” jusqu’à l’épuisement
Mais pour elle, d’autres sujets ont de quoi l’étonner : par exemple, les magnifiques dents blanches des habitants rencontrés qui doivent leur éclat à des branches « d’un bois doux et fibreux » avec lesquelles on les frotte. Douze de ces morceaux ne sont vendus qu’un penny. Efficacité et prix dérisoire font rêver de l’importation massive de ces bouts de bois par les Etats-Unis, où ils remplaceraient avantageusement des brosses à dents qui blessent si souvent les gencives.
Ce que Nelly retiendra de Ceylan, c’est tout d’abord le contraste avec les étendues désertiques laissées derrière elle : ici tout est verdoyant et fleuri. C’est aussi l’omniprésence des britanniques qui sont ici aussi, chez eux. Les bâtiments aux basses arcades scintillent sous le soleil et ressemblent à des palaces de marbre.
Elle «perd» cinq jours à cause d’une correspondance maritime ratée, elle en profite pour visiter, sans se poser de questions sur l’absurdité de cette course qui, si tout avait été optimal, l’aurait empêchée de visiter quoi que ce soit.
Rien à signaler sauf qu’elle achète un singe : « Sur le pas de la porte, j’aperçus un petit singe. À Port-Saïd et Colombo j’avais pu facilement me refréner d’acheter un petit garçon ou une petite fille, mais devant le singe je fondis littéralement. Je marchandai et l’obtins à un bon prix.
Je venais de consigner mon trente-neuvième jour de voyage. Je n’avais quitté New York que depuis trente-neuf jours et j’étais déjà en Chine. J’étais particulièrement de bonne humeur : ce bon vieil Oriental avait non seulement rattrapé les cinq jours de retard accumulés à Colombo mais était aussi arrivé à Hong Kong avec deux jours d’avance, malgré la mousson.
Je visitai la prison de Canton et fus surprise de voir tant de portes grandes ouvertes. Mais elles avaient la particularité d’être étroites, et lorsque je pénétrai dans une cellule je découvris que les prisonniers avaient le cou pris dans un large collier de bois. Dans ce cas, il n’y avait effectivement nul besoin de les enfermer.
Quelques jours plus tard, Nelly est à bord de l’Océanic, en route vers le Japon. Ce bateau est la vedette de son temps : surnuméraire dans l’Atlantique nord, son propriétaire l’Occidental and Oriental Steamship Company (O&O) le déplace en 1874 en Asie sur la rotation Hong Kong-Yokohama-San Francisco où il va battre des records de traversée. Le bateau est modernisé et Nelly voyagera dans le plus grand des conforts : le salon est désormais au milieu du navire, loin du vacarme des machines et des hélices ; l’un des ponts est dédié aux passagers, la cuisine est celle d’un hôtel de première classe, les officiers sont aux petits soins avec les passagers.
L’Oceanictouche effectivement San Francisco le 21, où l’attend un message de félicitation de la part de Jules Verne qui salue «la jeune et intrépide Miss Nelly Bly». Il est toutefois trop tôt pour crier victoire : la Sierra Nevada essuie d’importantes averses de neige et la compagnie ferroviaire Central Pacific a annulé ses trains dans la région !
Peu avant l’arrivée de Nellie, le journal conclut : «Ceux qui ont chronométré Miss Bly arrêteront leurs montres et, pour la première fois dans l’histoire du monde, la circumnavigation de la Terre par une femme sans guide ni escorte sera consignée»
Nelly attrape le train de la compagnie Pennsylvania Railroad qui l’amènera à New York. Dans la ville qui ne dort jamais, elle est accueillie par deux salves d’artillerie. Elle ôte alors son chapeau et crie joyeusement avec la foule : elle a accompli son tour du monde en soixante-douze jours exactement, elle a gagné son pari, et par-dessus tout, elle est de nouveau parmi les siens.
Engagée en 1887 au journal New York World du célèbre Joseph Pullitzer, Nellie Bly se voit confier une mission pour le moins singulière: se faire passer pour folle et intégrer un asile, le Blackwell’s Island Hospital à New York.
Intrépide, Courageuse et soucieuse de dénoncer les conditions de vie des laissées-pour-compte, elle accepte le défi et endosse le rôle. Elle reste 10 jours dans l’établissement et en tire un brûlot.
En plein essor du journalisme embarqué, dépêcher un reporter pour battre un record fictif du tout du monde était une bonne idée. Envoyer une femme en était une meilleure encore. Lorsque Nellie Bly entreprend sa circumnavigation en novembre 1889 pour le journal New York World, elle part seule, chargée d’un unique sac à main de voyage. Son objectif : coiffer au poteau Phileas Fogg, le héros britannique du roman de Jules Vernes, Le Tour du monde en 80 jours.
Costume de voyage – cape, veste bleue à col haut, jupe, long manteau de tartan et mallette de cuir –, Nellie Bly boucle en 72 jours une ode à l’audace et à la détermination sans jamais se départir de son impeccable autodérision. Après 10 jours dans un asile, le succès inouï de cette nouvelle aventure consacre Nellie Bly comme figure de la lutte pour l’émancipation des femmes et pionnière du journalisme d’investigation.
«Par une nuit d’hiver, je fis mes adieux à mes quelques amis journalistes et me mis en route avec ma mère pour le Mexique. Cela faisait quelques mois à peine que j’étais reporter mais j’en avais déjà assez d’être cantonnée aux tâches réservées aux femmes dans les rédactions et j’étais résolue à devenir correspondante à l’étranger. Trois jours après notre départ de Pittsburgh, nous nous réveillâmes dans le giron de l’été. Sur le moment, j’eus l’impression d’être dans un rêve.
Lorsque le porteur avait préparé nos couchettes la veille au soir, la campagne était encore emmitouflée sous un blanc manteau. Mais à présent, les arbres étaient couverts de feuilles et la douce bise riait de nous voir en châles. Pendant les trois jours qui suivirent, de l’aube jusqu’au crépuscule, nous restâmes assisesau bout de la voiture pour contempler le panorama unique du glorieux Ouest dans l’air embaumé. Fait inédit, j’aperçus des femmes tirer la charrue sous le regard de leurs maîtres qui fumaient, juchés sur une barrière. Qu’est-ce que j’aurais aimé faire déguerpir ces tire-au-flanc!’