L’évolution du corps comme celle de l’esprit a son histoire, ses retours, ses progrès et son
déficit. Cette nuance seulement : la couleur.
Quand on va pendant l’été aux bains du port, on prend conscience d’un passage simultané de toutes les peaux
du blanc au doré, puis au brun, et pour finir à une couleur tabac qui est à la limite extrême de l’effort de
transformation dont le corps est capable.
Ce pays est sans leçons. Il ne promet ni ne fait entrevoir. Il se contente de donner, mais à profusion.
Quand on est au niveau de l’eau, sur le fond blanc cru de la ville arabe, les corps déroulent
une frise cuivrée. Et à mesure qu’on avance dans le mois d’août et que le soleil grandit, le banc des
maisons se fait plus aveuglant et les peaux prennent une chaleur plus sombre.
Comment alors ne pas s’identifier à ce dialogue de la pierre et de la chair à la mesure du soleil et des
saisons ?